« Le Coeur des Gens », premier EP d’ELLA LAÏRONE
Après la sortie de son single « Où tes yeux se perdent », Ella Laïrone sort le 6 mai son EP « Le Cœur des gens » avec un single « En attendant » et un magnifique clip à découvrir. Rencontre avec cette artiste toulousaine.
Bonjour Ella. Tu es jeune et pourtant tu as un long parcours, alors pour ceux qui te connaissent déjà et ceux qui ne te connaissent pas encore, comment peux-tu te présenter ?
A ceux qui me connaissent je dirais que je sors enfin mon premier EP, avec des titres, s’ils me suivent depuis longtemps, qu’ils ont déjà entendu.
Pour ceux qui ne me connaissent pas : j’ai commencé la musique à environ dix ans, très vite j’ai passé beaucoup de temps en studio à m’enregistrer, à écrire. J’ai été rapidement autonome finalement dans la création, les chansons, les textes, la réalisation des clips. J’ai fait pas mal de scènes notamment avec l’orchestre Columbia. Puis j’ai fait une longue pause sans musique, pendant 7 ans, et aujourd’hui, je sors enfin des titres forts qui me tenaient à cœur à l’époque, qui existent depuis longtemps, mais qui pour diverses raisons ne sont pas sortis plus tôt.
Tu as commencé à 10 ans est-ce un avantage ?
Avec le recul, c’est un avantage, un plus. Ça s’est fait assez naturellement, mes parents n’ont pas forcé quoi que ce soit. Je chantais à la maison, devant les amis qui venaient chez nous. On avait des amis qui avaient un petit bar, donc c’était assez simple d’installer une petite sono un soir et de faire venir des proches. J’ai commencé la scène un peu comme ça. Je ne pense pas que ça ait été une erreur de démarrer jeune. Maintenant c’est sûr que je n’ai pas eu la même la même adolescence que les autres. Ca a eu un impact. Ma chanson « Le cœur des gens » parle du harcèlement, que j’ai subi au collège, et c’est probablement parce que j’ai fait de la musique, à cause de jalousies, que j’ai connu cette épreuve. Mais c’est aussi la musique qui m’a permis de de m’en sortir.
Les titres existaient mais n’ont pas pu sortir plus tôt. Concernant celui-ci, ce n’est peut-être pas si mal qu’il sorte maintenant. On parle beaucoup de ce problème de harcèlement aujourd’hui. Enfin.
C’est vrai qu’aujourd’hui on en parle heureusement. Il y beaucoup d’artistes qui ont fait des titres à ce sujet. Je pense notamment à « L’effet de masse » de Maëlle et il y en a d’autres. Effectivement aujourd’hui je me dis ce titre peut être entendu. D’autant qu’il n’est pas victimisant. Il est plutôt porteur d’espoir, une façon de dire on peut le vivre mais on peut aussi s’en sortir et en faire une force. J’ai eu cette chance d’avoir la musique à côté qui me tenait, d’avoir des amis et une famille qui m’entouraient suffisamment pour que j’arrive à résister. Quand je rentrais du collège, les jours où ça s’était mal passé, que je passais la porte, je balançais mes affaires dans l’entrée sans dire un mot, je montais, on avait aménagé un studio au grenier, et je chantais, j’extériorisais tout de suite. Et je me souviens que mon père disait « Ella ne chante jamais mieux que lorsqu’elle est triste et énervée ». C’est vrai que la musique m’a isolé parce que je passais beaucoup de temps en studio très jeune, donc les week-ends, les soirées aussi (après les devoirs bien sûr), et finalement je n’étais pas très disponible pour les choses de mon âge, les soirées ou aller dormir chez des copines. Ça m’a pris une partie de mon adolescence, mais si c’était à refaire, je ne changerais rien.
Et si ça n’avait pas marché, tu aurais souhaité faire quoi ?
Je pense que si je n’étais pas arrivée pas à faire de la musique, j’aurais fait des études d’art. De l’art appliqué probablement, mais quelque chose d’artistique c’est sûr. C’est moi qui ai conçu le dossier de presse entièrement de A à Z d’ailleurs.
Parlons de ton actualité :
Je sors mon EP « Le cœur des gens », avec le single « En attendant ». Fin mai je vais aussi sortir le clip qui va avec. « En attendant » c’est une chanson qui aurait pu sortir juste avant que j’arrête la musique. On avait commencé à la travailler avec mon compositeur John Latorre. On l’a mise de côté et là ça paraissait évident de la sortir. C’est une histoire qui parle d’amour, dans laquelle chacun peut se retrouver un petit peu. Je l’ai écrite à un moment de ma vie où finalement aimer l’autre ne suffisait plus. Où c’était un peu plus compliqué que ça. On sait que la personne est là et que et que c’est la bonne, mais moi je ne savais plus exactement qui j’étais. Il y avait pas mal de choses que je me reprochais. J’avais besoin de temps pour me recentrer sur moi-même. Mais c’est vrai que dans ces cas-là, on se dit « est-ce que tu vas m’attendre ? Est-ce que tu vas comprendre que le problème n’est pas toi mais moi ? » C’est ce que ce titre veut dire.
Sur cet EP, si tu ne devais garder qu’un seul titre ce serait lequel ?
C’est vraiment difficile. Peut-être pas un morceau comme « J’ai passé l’âge » qui est plus léger. « Je serai là » est un morceau que les gens avaient beaucoup aimé, mais je l’ai beaucoup chanté aussi. C’est un thème très fort puisqu’il parle de moment où j’attendais mon premier petit garçon et où je me posais beaucoup de questions. « Le cœur des gens », forcément, c’est le titre emblématique et qui m’a façonné. Il y a une grosse histoire derrière puisque c’est la raison pour laquelle je me suis mise à la musique d’une certaine façon. Mais c’est vrai que l’EP et le choix des chansons est fait de manière à raconter une histoire au fil des titres donc c’est difficile de choisir, d’en isoler une… Peut-être « Le cœur des gens » quand même…
On va te voir sur scène ?
Oui, il y a la scène du Chorus, le 17 mai, où je vais présenter cet EP, donc un gros défi pour moi. Un concert de plus d’une heure ou je vais pouvoir échanger avec le public sur ce projet. Je vais être libre au niveau des reprises, des invités qui vont me rejoindre sur scène, libre aussi de revisiter d’anciens titres. Une belle soirée en perspective. J’ai aussi des dates cet été. Je suis sélectionnée pour le Live Challenge à Monbrun, le 1er aout. Et une date à Sorrèze puis à Nogaro.
Et si tu te laissais aller à rêver, tu chanterais où ?
Je suis très attachée à Toulouse, donc je rêverais de chanter à La Halle aux Grains ou au Rose Festival.
Tu écris tes chansons, mais si ce n’était pas pour toi, tu aimerais écrire pour qui ?
Pour qui aimerait les chanter. J’aime bcp Lombre, Princess, Ben Mazué, Juliette Armanet, mais ce sont des artistes qui écrivent eux-mêmes. Il y a quelqu’un qui me vient à l’esprit, c’est Joyce Jonathan, avec qui je pense que ça matcherait. Mais j’écrirais pour toute personne qui serait sensible à mes mots.
Et tu proposes tes textes ?
Avant oui. J’ai écrit des refrains pour le rap. A la base je faisais de la variété mais quand j’ai rencontré mon compositeur, qui venait du milieu du rap j’ai bifurqué un peu vers ce style, vers le RnB et la soul aussi un peu. Puis je suis revenue à la variété, qui me correspond plus.
Comment écris-tu tes titres d’ailleurs ?
Quand je commence à écrire un titre je le finis dans la foulée je ne m’arrête pas. Avant je travaillais mes textes sur des instrus à moi. Maintenant comme je travaille avec John mon arrangeur, à distance souvent, je prends ce que l’on appelle des face B, des instrus qui ne sont pas à moi, souvent des acoustiques au piano, je trouve une mélodie qui me parle et je fais un texte dessus. Avec ensuite une mélodie à moi bien sûr. J’envoie mes voix à John, qui enlève tout, ne garde que ma voix, écoute et commence par le rythme. Puis il rajoute tout derrière. Ce serait intéressant d’ailleurs d’écouter la première version que j’envoie comparée au résultat final.
Nous arrivons à la fin de cet entretien, j’ai toujours la même question. Quelle est la question que l’on n’a pas encore pensé à te poser ?
Je dirais « Pourquoi je chante, pourquoi j’écris ? » Et je répondrais « parce que j’en ai besoin ». Et que c’est pour ça que j’ai arrêté pendant 7 ans. Parce que je n’en avais plus le besoin. J’ai longtemps pensé que j’étais forte dans la musique, que donc je me devais de réaliser mon rêve, que parce que j’avais un don je n’avais pas le choix. Un jour j’ai réalisé finalement que rien ne m’y obligeait. Au départ j’en avais besoin pour m’exprimer, j’écrivais beaucoup. Puis je suis arrivée à un moment de ma vie ou je n’avais plus rien à dire, ou j’étais sereine et ou en plus je ne voulais plus m’exposer. J’avais par ailleurs besoin de me prouver que j’étais douée pour d’autres choses. Ca a déconstruit cette idée que je n’étais là que pour chanter. J’avais aussi mes enfants, mon mari… Mais je savais que quand j’en aurais besoin ou envie je m’y remettrais.
Merci Ella pour ce moment.
Interview réalisée par Karine G.