Rencontre avec Gabrielle Lapointe interprète de Cristal dans STARMANIA !

Bonjour Gabrielle. Peux-tu te présenter aux toulousains, et au public français ?

Oui, je suis Gabrielle Lapointe, je suis Québécoise, de la ville de Québec attention ! (rires) Et j’interprète Cristal.

Tu as envoyé ta première vidéo de casting à 16 ans, puis il y a eu le Covid…tu as dû renvoyer des vidéos…le parcours a été long.

Oui, avec le Covid ça a été un long passage, tout a été suspendu autant du côté de la France que du côté du Canada, personne ne savait ce qui allait se passer, et je n’ai eu aucune nouvelle pendant 7 mois. Donc j’ai perdu espoir, j’ai pensé que c’était fini. Je me suis dit qu’il fallait passer à autre chose, j’ai entamé des études de musique, étudié le chant et le jazz . C’est là que l’on m’a recontacté pour me demander si ça m’intéressait  toujours de faire Starmania. J’ai dit oui, j’ai dû renvoyer de nouvelles vidéos. J’avais 18 ans. Ca leur a plu j’imagine (rires) et c’est comme ça que l’aventure Starmania a commencé.

Tu commences à jouer Cristal, et à répéter : tu as désormais 18 ans, entre temps donc tu as mûri, est-ce que ton approche du personnage a changé ?

Enormément. Parce que Starmania c’est aussi une bulle, où toute cette grande équipe vit ensemble. Toute ma famille est au Québec, je ne peux pas aller les retrouver ou me ressourcer le temps d’un week-end. Pour moi c’est une immersion totale cette expérience. Donc être dans cette bulle, ça suspend le temps, mais j’ai aussi énormément appris pendant toute cette période. J’ai grandi, j’ai appris sur moi, et mon interprétation du rôle a évolué grâce à ce que j’ai vécu, à ce que ce spectacle m’a amené. On apprend beaucoup à vivre en groupe.

Tu as grandi, et par conséquent tu as fait grandir ton rôle aussi j’imagine ?

Tous les jours j’essaie de faire quelque chose de différent, déjà cela permet de garder un jeu plus frais, une interprétation neuve et tenter de nouvelles choses. C’est un spectacle vivant, qui évolue sans cesse, c’est ce que j’aime dans cet art là. Bien sûr on prend des habitudes, des marques, puis au bout de six mois on essaie quelque chose, on se dit « oh je n’avais jamais essayé cette vibe, ce déplacement, je le préfère et je vais le garder finalement ». Le metteur en scène est là pour nous diriger mais il ne nous donne pas tout, nous mettons beaucoup de nous dans nos personnages.

Tu peux nous parler de Starmania ? D’’ailleurs je crois que tu ne connaissais pas beaucoup le spectacle au moment où tu as postulé ?

Je connaissais certaines chansons, mais je ne savais pas que cela faisait partie d’une œuvre, de Starmania, comme Le Blues du Businessman par exemple. C’est une œuvre qui a beaucoup vécu et perduré grâce à ses titres emblématiques. Quand ma mère m’a parlé des auditions pour Starmania à 16 ans, en ado blasée j’ai un peu hésité (rires), je ne connaissais pas beaucoup. Nous avons cherché sur Youtube, j’ai vu la version de 1980. En la réécoutant je suis tombée en amour pour ce que ça raconte. C’est tellement innovant, visionnaire, ça représente tellement bien la complexité de l’humanité. Ca me plait énormément.

Justement peux-tu présenter le spectacle à ceux qui ne le connaissent pas ou peu ?

C’est une dystopie, nous sommes projetés dans un futur où tout le monde veut devenir une star,  veut avoir sa lumière, mais doit faire des sacrifices immenses pour y arriver. Parfois cette lumière cause la perte des personnages : ils la cherchent et se retrouvent dans l’ombre constamment. On est catapulté dans un futur beaucoup plus proche que ce que l’on croit, je pense.

Et ton rôle dans le spectacle ?

Je joue le rôle de Cristal, une présentatrice télé, l’idole des jeunes. L ‘Ariana Grande de Monopolis. Cette belle petite fille en rose se retrouve à interviewer un terroriste, Johnny Rockfort et réalise que tout ce qu’elle vit est faux, qu’elle a envie de ressentir du vrai. Elle a besoin de vrai, elle a « besoin d’amour » et c’est comme ça qu’elle bascule du côté obscur.

Cristal bascule effectivement dans un côté très sombre. Est-ce compliqué à jouer à ton âge ?

Franchement au début oui. Moi j’ai l habitude de jouer des « beaux » personnages, des princesses, des Blanche-Neige et j’adore jouer ça. Je n’ai pas l’habitude de jouer les « vilains », on ne m’en propose pas, même si je pense que je pourrais les jouer.  Au début des répétitions le metteur en scène me disait « il faut que tu aies plus de poigne, que ce soit plus brutal, plus méchant ». « Besoin d’amour » il faut que ce soit un cri. Et j’essayais, mais ce n’était pas exactement ça. Au fil de cette expérience je crois que j’ai fini par trouver quelque chose de très proche de ce que l’on recherchait : une sorte de violence désespérée, l’envie de respirer, l’exaspération. Maintenant j’arrive à la nourrir bien plus que je ne pouvais le faire au début.

Le rôle a été interprété par France Gall. Est-ce que tu la connaissais, était-ce une pression supplémentaire de reprendre ce rôle d’une artiste chère aux français ?

Oui et non. Je ne connaissais pas beaucoup France Gall. Pour les jeunes de ma génération elle est plus connue en France qu’au Canada. Mes parents la connaissaient mieux. Moi j’ai vu la version de 1980 où Cristal est interprétée par Martine St-Clair. Quand je suis arrivée en France j’ai pris conscience de l’impact culturel de France Gall et j’ai réalisé surtout que Raphaêl est le fils de France Gall ! (Raphaël Hamburger directeur artistique de Starmania). Et pour toutes ces raisons, la pression est montée. Je savais que je suivais les traces de quelqu’un de marquant, une idole. On m’a choisi entre autre parce que dans ma voix et dans mon style il y a des similitudes mais je ne veux pas l’imiter. J’espère pouvoir mettre ma marque tout en respectant ce que cette dame merveilleuse a apporté à ce rôle. Je pense que chaque petite Cristal amène sa touche personnelle.

Ta chanson préférée, ou qui te touche le plus, dans Starmania puis plus précisément interprétée par Cristal.

Le blues du businessman m’a toujours énormément touché. Mais depuis que je l’entends tous les jours, je dirais L’adieu d’un sex-symbol. Cette chanson me touche tellement, je pourrais pleurer. La première fois que nous l’avons entendue interprétée par Magali Goblet, notre Stella, tout le monde pleurait. Ca arrache le cœur de voir un être humain autant en détresse. Si j’avais la voix pour incarner Stella, je rêverais de jouer ce personnage, il y a tellement de profondeur à travers son malheur. Et cette chanson a un impact énorme sur le show. J’ajouterais Naziland : les gens qui iront voir le show la découvriront, mais notre version de cette chanson (et de Ce soir on danse), est la meilleure version que l’on ait pu faire (rires) Mais je ne suis pas objective bien sûr !

Ma chanson préférée de Cristal, je pense que c’est Monopolis. C’est une si belle chanson, tellement remplie de sentiments. Toutes ses versions sont belles. Le texte parle tout seul. Mais aussi La petite fille en rose, c’est très court mais j’éprouve tellement de plaisir à jouer le moment où l’on tombe en amour avec Johnny Rockfort. Elle dure à peine une minute mais j’adore cette mélodie.

Quel est l’accueil du public, sur ce spectacle culte ?

J’ai beaucoup de retours, les gens sont heureux d’assister à ce spectacle : beaucoup l’ont vu 3 fois, 20 fois… Ils nous le disent. Je pense que les gens reçoivent cette tournée à bras ouverts et ça fait plaisir. C’est agréable de les entendre applaudir, ils ne réagissent pas tous de la même façon selon les villes. Mais je me souviens que le public de Toulouse était formidable ! Il réagissait beaucoup.

Comment as-tu préparé ton rôle avec le metteur en scène, Thomas Jolly, pour une nouvelle version d’un spectacle déjà existant ?

Nous avons été bien guidés, bien accompagnés, mais il y a aussi un travail qui nous est propre. Moi j’ai fait beaucoup de recherches, regardé tout ce que je pouvais voir, malheureusement on ne trouve plus la version originale. C’est dommage. J’ai tout pris pour me faire ma propre opinion, je suis allée chercher les éléments que je voulais garder personnellement, ensuite nous avons été guidés par Thomas Jolly et ses assistants metteurs en scène. Nous avons beaucoup travaillé en dramaturgie. C’est un opéra rock, pas une comédie musicale, tout est chanté, il n’y a pas de texte parlé, de dialogue, donc la prononciation est importante et la compréhension de ce que nous chantons aussi. Nous avons travaillé le « sous-texte » également, pour la profondeur des personnages, parce que Cristal change de A à Z au cours du spectacle, c’est du travail sur beaucoup de petits détails pour que l’on découvre ce changement.

Cela fait longtemps maintenant que tu es partie du Canada, pour une vie de troupe loin de ta famille et tes amis, ce déracinement n’a-t-il pas été difficile ?

Je vis une expérience particulière que très peu de gens connaissent à mon âge. Au début je le vivais super bien parce que c’était nouveau, je voulais tout découvrir. C’est quand je suis rentrée un an plus tard que j’ai réalisé à quel point mes proches m’avaient manqué. Quand je suis repartie pour la France, j’ai compris qu’il fallait que je maintienne le lien avec eux, même si je suis loin, que je les appelle, que je leur écrive plus souvent. Et maintenant je pense avoir un meilleur équilibre dans la gestion de la distance.

Tu te projettes déjà dans l’après Starmania ?

Je me pose beaucoup de questions bien sûr. D’ailleurs si je peux passer un message pour les jeunes qui se questionnent sur ce qu’ils veulent dans la vie, je veux leur dire que c’est normal. Prenons le temps. Nous ne savons pas encore où est notre place. Souvent les gens pensent que parce que joue dans Starmania, je suis à ma place et je ne me pose plus de questions…mais si je m’en pose quand même. Alors bien sûr je veux continuer Starmania encore longtemps, mais un jour j’aurai envie d’être chez moi. Heureusement nous faisons des pauses. D’ailleurs je suis si heureuse que l’on aille jouer près de chez moi, à Laval! C’est une joie immense. Montrer à tous, ce pour quoi je n’ai pas été là pendant deux ans !

Mais oui, pour l’instant, l’actualité et le proche avenir c’est Starmania, je suis ravie de participer à cette belle aventure, et de jouer avec William Cloutier entre autres. On est une équipe. Nous sommes soudés. C’est un bonheur de jouer avec lui le duo Cristal / Johnny Rockfort depuis le jour 1. C’est un partenaire de jeu et d’ « arrière-scène » merveilleux, un coéquipier génial, et il faut le mentionner. C’est une telle aventure de groupe que l’on ne peut pas ne pas mentionner nos collègues. J’ai parlé tout à l’heure de Magali Goblet qui nous sert chaque soir une interprétation magnifique de Stella. Le cast entier est merveilleux, c’est un spectacle à voir, les danseurs, les lumières, les décors…allez voir Starmania !

D’habitude je demande aux artistes quelle est la question que les journalistes ne pensent jamais à leur poser, mais aujourd’hui j’ai envie de changer un peu. Quelle est la question que tu aimerais que l’on te pose à propos de Cristal ?

Je demanderais « est-ce que l’on peut s’identifier à Cristal » ou « en quoi peut-on s’identifier à elle ? », parce que ce qui est beau dans Starmania c’est que l’on peut tous s’identifier à l’un des personnages, qui sont tous en crise existentielle.

Et moi je crois que je rejoins un peu Cristal dans ses questionnements. Parce qu’elle réalise qu’elle n’est pas là où elle veut et décide d’abandonner tout et de changer sa vie. C’est un peu ce que j’ai vécu, sans tout abandonner quand même, mais je suis vraiment passée de A à Z…bon peut être pas (rires) mais au moins jusqu’à X alors! Ce déracinement que j’ai vécu je le retrouve dans Cristal, c’est comme ça que je m’identifie à mon personnage. 

Merci beaucoup à Gabrielle à qui l’on souhaite une longue carrière.

Interview réalisée par Karine G

Starmania est de retour à Toulouse ! Du 14 au 19 mai !

Il reste quelques places !

Réservations Box Office Spectacles 05 34 31 10 00 / 36 rue du Taur, 31 000 Toulouse

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