Découvrez Thibaut Boidin et laissez-vous surprendre par « Denise Jardinière vous invite chez elle »

Bonjour Thibaut.

Pouvez-vous me parler de votre parcours ?

J’ai commencé par le cinéma quand j’avais 20 ans. J’avais fait du théâtre avant mais j’ai commencé professionnellement par le cinéma. Puis je suis passée par l’école Marceau, le travail du corps, le théâtre gestuel, le mouvement…en 2003 J’ai ensuite joué Peter Pan, dans la pièce de James Matthew Barrie, et ça dure depuis 19 ans !

Peter Pan depuis 19 ans, Denise Jardinière depuis 2012…ce sont de longues aventures avec vous !

Oui je suis plutôt fidèle (rires) ! Et d’ailleurs la moitié de l’équipe est là depuis le début comme moi sur Peter Pan. C’est une histoire porteuse, qui parle à l’inconscient des gens. Je suis convaincu qu’elle nous parle profondément à tous. Et puis il y a la mise en scène très réaliste de Guy Grimberg. Il a trouvé le moyen, sans révéler le secret, de faire que l’on vole vraiment. Et quand on s’envole c’est un moment très fort et étonnant pour le public. Il y a un gros travail de machinerie pour rendre ça vrai.

Et comment est née Denise ?

Je m’en souviens très bien. C’était un soir de décembre 2011 après une représentation de Peter Pan. Je ressentais le besoin depuis quelques temps de créer « ma chose à moi ». Et je me souviens très bien de ce soir-là. J’avais envie de faire quelque chose d’intime, vraiment envie de faire venir les gens chez moi. D’où « Denise Jardinière vous invite chez elle ». J ’ai notamment beaucoup travaillé le clown, cherché mon clown. C’était l’aboutissement de quelque chose de personnel, dans un registre que je voulais le plus incroyable, vivant et sincère. Dans ce spectacle je casse quelques codes je crois. C’était aussi une nécessité pour moi de raconter cette histoire.

Puis un jour dans les coulisses de Peter Pan,  des comédiennes vendaient leurs costumes et robes. J’ai vu une robe et je l’ai acheté. Ce sera cette gouvernante.

Cette tragédie, parce que le spectacle mêle humour et tragédie, je l’ai nourri de mes propres drames. Même si je n’ai pas vécu de qu’a vécu le personnage de Paul. Je crois que j’ai toujours été hanté par la mort…et j’ai puisé là-dedans.

Denise Jardinière vous invite chez elle est née en 2012.

Depuis 2012, vous avez toujours autant de plaisir ?

L’histoire est la même depuis la première, mais la mise en scène (qui est la mienne), et la place du public ont évolué. Au fur et à mesure de la rencontre avec les gens, je leur ai donné de plus en plus de place.

On ne se lasse pas ?

Non, parce que chaque soir c’est un peu un saut dans le vide ! Par conséquent je ne peux pas me lasser. Le public rend chaque représentation unique. Et puis je fais un métier où on ne peut pas se lasser de toute façon.

Quel est l’avenir de Denise ?

J’ai la chance d’avoir une super équipe, Birdy Prod, qui fait tourner le spectacle. Jusqu’en 2020 je n’avais joué qu’à Paris. Je n’avais pas imaginé que le spectacle pouvait se jouer ailleurs. Puis il est parti en Province, je l’ai même joué à Nouméa !

Il y a eu une différence entre l’interaction avec le public parisien et celui en Province ?

Non, je n’ai pas remarqué. En plus, je n’aime pas généraliser le public. D’une manière générale il y a toutes les réactions. Ceux qui viennent, bien souvent savent, ou se doutent que c’est immersif. Et puis il y a de la bienveillance, si je sens que les gens n’ont vraiment pas envie, je ne les fais pas monter sur scène. Le but n’est pas qu’ils soient en souffrance. Mais de mon côté je ne m’interdis rien, et je m’adapte chaque soir.

On ne peut pas trop parler du contenu du spectacle, tant il est étonnant,  il faut garder la surprise, laisser découvrir chacun. Donc, comment décrivez-vous le spectacle quand vous en parlez ?

Je dis que dans ce spectacle Denise Jardinère vous invite chez elle, accueillis par cette gouvernante étrange, qui a plusieurs choses à faire, préparer la table, endormir le petit Paul et lui raconter la légende du chevalier solitaire… Et que l’on découvre petit à petit ce que cache réellement son histoire.

C’est une comédie atypique, pour tous les âges. On me demande souvent à partir de quel âge on peut venir, je n’ai pas de réponse, mais j’ai déjà eu des enfants très jeunes qui sont venus. Tous comme des personnes très âgées. Et il y a toutes les réactions, quels que soient les âges et les profils. 

Dans « Denise Jardinière vous invite chez elle »,  on revient à l’enfance….comme dans Peter Pan…

Oui c’est vrai. Il y a surement quelque chose de bloqué en moi (rires). J’écris actuellement…et c’est vrai que ça parle encore de l’enfance. Déjà, nous les comédiens, dans notre métier, on joue…on est encore un peu des enfants. Mais pour autant, contrairement à Peter Pan je ne veux pas rester bloqué dans l’enfance. Il faut savoir dans quel monde on vit. On ne peut pas être éternellement ado. Il ne faut pas.

Quels sont vos projets ?

« Peter Pan » se joue jusqu’en février 2024. Et pour « Denise Jardinière »  je peux vous annoncer une bonne nouvelle qui vient de tomber, le spectacle revient à Paris au Grand Point Virgule le 25 janvier à 21h. Puis les dates de tournées continuent jusqu’en 2025.

Sinon je suis actuellement en train d’écrire un nouveau projet, mais il est trop tôt pour en parler en détail. Je peux juste dire que je vais revenir vers le travail du corps. Depuis un an j’ai repris le sport de manière intensive, avec un coach pour cela. Et j’ai envie de danser. Je vais reprendre la danse à titre personnel d’abord. Mais pour le prochain projet je pense que ce sera dans le mouvement, le visuel, le travail du corps…

Que dites vous aux gens pour leur donner envie de voir Denise Jardinière ?

Que c’est un spectacle où vous êtes acteur. Moi quand je vais voir un spectacle c’est ce que je cherche, j’ai envie qu’il se passe quelque chose.

Pour clore mes interviews je demande toujours quelle est la question que l’on ne vous pose jamais et à laquelle vous voudriez répondre ?

Je sais déjà ce que je voudrais répondre :

 « J’aimerais vivre dans un monde où tout le monde pourrait s’autoriser cette liberté que j’ai sur scène, parce que cela ferait du bien aux gens, que chacun puisse laisser exprimer son clown, son chaos autant que sa fantaisie. Ca apporterait beaucoup d’amour dans ce monde. » Donc la question serait : « Thibaut, que pensez-vous de notre époque ?»

Merci à Thibaut Boidin.

Interview réalisée par Karine