Dove Attia présente son spectacle évènement « Molière, le spectacle musical » bientôt à Toulouse
Nous avions rencontré Dove Attia au début de l’aventure « Molière le spectacle musical », aujourd’hui nous le retrouvons pour parler de ce spectacle devenu entre-temps un phénomène, et qui passera en tournée au Zénith de Toulouse les 5 et 6 octobre 2024.
Bonjour Dove. Ravie de vous retrouver.
Nous nous étions rencontrés en décembre, au début de l’aventure « Molière », avec le recul, quels sont vos sentiments ?
Au départ j’ai eu très peur. Il n’y avait pas d’engouement. Entre ceux qui pensaient que c’était du rap, ou ceux qui trouvaient Molière poussiéreux, trop scolaire les débuts ont été compliqués. Il a fallu du temps, du bouche à oreille, et des critiques. De tous mes spectacles c’est la première fois que j’ai des critiques unanimes que ce soit Le Parisien, Figaro, France Inter, France Culture… Puis le bouche à oreille du public et des réseaux sociaux. Ce qui fait qu’après vous avoir parlé en décembre, de mi-décembre à février çà été complet. On a fini à guichets fermés, alors que je le dis sans honte, j’ai pensé au début que ce serait un échec. Ce retournement c’est la première fois que je vois ça, c’était fou.
Comment vit-on ces montagnes russes, penser que l’on vit un échec et finalement voir que le public est au rendez-vous?
Pour être franc avant la première les ventes étaient si faibles, que mes financiers voulaient arrêter et annuler la tournée. J’ai dit « vous faîtes une erreur parce que je sens que l’on tient quelque chose et qu’il faut laisser le temps ». Au début quand ça ne prend pas je suis triste. Pas pour moi, mais pour les équipes, derrière la scène et sur scène, les créateurs, puis les artistes, comédiens, danseurs…parce qu’ils ont tellement bossé, ils ont mis tellement d’énergie. Bien sûr on ne leur parle pas des ventes à ce moment-là… Mais j’étais si triste, je me disais qu’ils allaient jouer devant des salles vides. On a annulé certaines représentations les mardis. Il n’y a rien de pire au monde pour un artiste que de jouer devant une salle vide. Il n’y a pas pire, humainement, pour un artiste qui a bossé. Je n’étais pas encolère mais triste.
Pas pour moi parce que je me dis que je n’ai eu que des succès et qu’il fallait bien que ça m’arrive. Mais…pas avec ça. Pas ce spectacle. Et après le 7 novembre quand j’ai vu les premières standing ovation, moi j’ai quand même douté, je suis un pessimiste, je me suis dit que c’était parce qu’il y avait des invités. Ce n’était pas gagné encore à mes yeux.
A la première publique là j’avais les larmes aux yeux parce que finalement…il y avait à nouveau une standing. Là j’ai compris qu’il se passait quelque chose. Puis étonnement la première critique a été superbe, et la deuxième également… Mais c’est lent avant de remplir quand même, pour des salles de 3500 c’est très long…. Pourtant j’ai senti un changement, on me demandait des invitations…alors qu’à la générale ces mêmes personnes n’étaient pas venus !
Donc premier sentiment c’est la tristesse…pas la joie tout de suite…seulement à la première salle comble. Puis aux premières personnes qui me disent « je ne trouve pas de place » là on se dit : « voilà » ! Donc la joie est venue petit à petit.
Puis vous êtes nommés aux Molières. Avec Molière ! C’est un évènement.
C’est la première fois de ma vie que je suis aux Molières. C’est une reconnaissance du métier alors qu’il m’avait toujours un peu méprisé. Les comédies musicales sont toujours un peu méprisées. Comme aux Victoires de la Musique. Cela dit je si je préfère celle du public, c’est une belle reconnaissance pour la première fois. Puis aux Trophées de la Comédie musicale nous étions nommés huit fois, et nous sortons avec 6 prix! (NB Trophée de comédie musicale, révélation masculine et féminine, de la partition, des costumes et…du public!)
Je ne pouvais pas gagner aux Molières, notre spectacle est trop commercial, trop marketé.
Mais vous avez été nommés, et ils ont même eu l’opportunité de chanter sur la scène des Molières. Une première.
Oui c’est vrai. Je savais que je ne gagnerais, pas, pourtant j’aurais aimé gagné, c’était la seule création, le seul spectacle français. Mais j’ai amorcé un virage, pour la première fois une comédie musicale était nommée. Mes artistes voulaient tellement gagner, je leur ai dit « vous avez gagné le public! c’est énorme! ».
Avez-vous avez un retour diffèrent du milieu du théâtre après cela?
Oui mais même déjà avant. Nous avions eu des gens de La Comédie Française, le patron, des abonnés qui étaient venus voir le spectacle, et qui nous ont gratifié de félicitations dithyrambiques. Sur la qualité du livret, de la mise en scène et des chorégraphies. Ils étaient venus, interpellés parce ce qu’ils en entendaient.
Est-ce gratifiant de réunir ces deux monde-là?
Oui et puis surtout je tiens à le dire, il y a eu une année d’hommage à Molière mais nous sommes le seul hommage populaire. Or Molière était quelqu’un de populaire qui ne s’adressait pas aux élites, donc c’est important pour moi.
Vous sentez un regain d’intérêt autour de Molière et son œuvre ?
Oui j’ai même des classes d’élèves de primaire qui viennent.
On a des gens qui viennent pour le coté comédie musicale, mais aussi ceux qui découvrent la vie passionnante, avant-gardiste, scandaleuse de Molière. Celle d’un homme libre. Beaucoup après le spectacle nous ont confié avoir racheté des livres, s’être replongés dans Molière.
Au premier abord les monologues paraissent rébarbatifs parce qu’aujourd’hui on veut toujours aller vite, mais c’est passionnant, c’était un véritable sociologue Molière. Si vous regardez le fond c est d’une modernité incroyable.
Désormais c’est une nouvelle aventure, vous êtes en tournée.
Oui et c est génial parce que la magie, la folie que l’on a connu à Paris, on la retrouve en province.
C’était le paramètre inconnu ?
Exactement, parce que ce n’est pas facile, toutes les villes ne sont pas pareilles. Toulouse ou Bordeaux par exemple ne sont pas des villes faciles, le public est plus exigeant. Donc on va voir ce qu’il va se passer dans le sud-ouest (rires) Moi j’observe dans les salles.
Via leurs réseaux sociaux on voit que les artistes s’éclatent en tournée.
Ils adorent, ils découvrent la France, ils sortent, visitent. Puis ils découvrent les différents publics.
Ensuite vous prévoyez un retour à Paris ?
Oui, et à nouveau un passage à Toulouse…peut-être…
Si on est au rendez-vous, suivant notre réaction ? (rires)
C’est ca, ça dépend de la réaction du public (rires). A Paris beaucoup n’avaient pas pu voir le spectacle finalement, on est heureux de revenir, donc en tournée on va aussi sûrement faire un deuxième passage.
Et c’est un phénomène incroyable, avec des chiffres jamais vus, certains l’ont vu 30 fois, beaucoup 20…ça rend addict. En aussi peu de temps c’est un record. Mais ça n’est pas étonnant, la troupe est très attachante, ils sont généreux… Certains l’ont vu 10 fois à Paris et sont allés le voir en tournée dans les villes à 2h de Paris… Pas la majorité, mais il y a de jolis records en effet. Ce n’est pas pour faire prétentieux, c’est avant tout très touchant pour nous
Donc pas de nouveaux projets immédiats, vous vous consacrez à Molière?
Oui parce qu’on va partir sur une deuxième année de tournée, puis après à l’étranger. La Chine le veut, le Québec, le Japon. Ce spectacle va voyager.
Il faut donc en profiter quand il va passer cette année et en 2025 !
Voilà, après il part. Alors on reviendra j’espère dans 15 ans, dans 20 ans je ne sais pas. Mais moi pour l’instant je reste sur Molière parce que ce spectacle me touche énormément.
Merci Dove pour cet entretien, rendez-vous en octobre à Toulouse! Mais pour finir je vous propose un questionnaire express « Molière »!
Interview réalisée par Karine G.
Questionnaire express à Dove Attia :
Molière vs Molière le spectacle musical !
Votre pièce préférée de Molière ?
« L’école des femmes » parce qu’il y a beaucoup d’humour. C’est aussi féministe et scandaleux.
Votre personnage préféré dans les pièces de Molière ?
C’est difficile… Je dirais Arpagon. Parce qu’il y a eu Louis de Funès avec Yves Montand… Arpagon c’est « L’avare« , c’est extraordinaire.
La chanson qui vous touche le plus dans le spectacle musical Molière ?
Après l’avoir écouté de nombreuses fois, c’est « Demander Pardon » c’est la plus sincère pour moi. L’histoire éternelle de la reconnaissance du père, des rendez-vous ratés, quand Molière réussit son père n’est plus là pour le voir… Se dire qu’il est trop tard, que c’est quand les gens sont vivants qu’il faut dire les choses
Moi-même j’ai commis des erreurs avec les personnes que j’ai aimé, qui sont parties et les choses que j’aurai aimé leur dire. Ca me parle
Le personnage qui vous ressemble le plus dans le spectacle musical ?
Moi j’aime Conti, ce personnage est drôle. Molière c’est un spectacle où l’on rit beaucoup et où l’on pleure d’émotion à la fin. Mais celui à qui je m’identifie et que je ne serai jamais c est Molière. Après Mozart…Molière ! Je n’ai pas l’once de son génie mais je suis admiratif de ces gens qui ont changé une partie leur domaine. Il a changé la comédie, nous n’aurions pas eu entre autres Feydeau ni les films de Weber, il a amené la tragédie dans la comédie. Avant c’était uniquement la farce.