« Écoutez leur silence » – Une pièce bouleversante d’humanité et de résilience

Eux, ici, maintenant. Dans ce centre, des ados. Le quotidien de Nathaelle, c’est d’entourer, protéger, comprendre ces jeunes comme elle peut, avec ces armes, sa bienveillance. Mais il y’a des règles à respecter. Et il faut vivre. Vivre toujours plus fort, rire jusqu’à s’en briser la voix. Ici, ensemble dans cet endroit. Ils apprendront à évoluer ensemble.Ils ont peur de croire aux promesses que le monde leur offre, parce qu’il est sûrement trop grand pour eux. Mais avec un peu d’imagination, peut-être que ce monde, il pourrait aussi bien rentrer dans une petite boîte rien qu’à eux. Panseront-ils leurs blessures sous l’oeil de celle qui a besoin de croire en eux… En vérité, on a tous nos bagages, et si, finalement, croire en eux l’aidait à croire en elle ?

L'opinion de La Luciole

Avec Écoutez leur silence, Gabrielle Gay signe une œuvre profondément humaine, portée par une écriture sensible, à fleur de peau. Le spectacle nous plonge dans le quotidien d’un centre d’accueil pour adolescents cabossés par la vie, où Nathaelle, éducatrice autant que repère fragile, tente de maintenir debout ceux qui vacillent.

Dans cette pièce vibrante d’émotion, les silences en disent parfois plus que les mots, et les non-dits flottent dans l’air comme des cris étouffés. On assiste à une forme de huis clos, une bulle hors du monde, où chaque jeune tente de panser ses blessures, à sa façon, entre rejet, colère, rires et élans d’espoir maladroits.

Le texte est juste, délicat, plein d’humanité. Il n’édulcore rien de la réalité brute des vies cabossées, mais il refuse aussi le misérabilisme. Gabrielle Gay insuffle une tendresse féroce, à travers la figure de Nathaelle, qui donne tout en continuant à douter. Car oui, Écoutez leur silence, c’est aussi l’histoire de cette femme, en équilibre entre devoir professionnel et besoin vital de croire en quelque chose — ou en quelqu’un.

La mise en scène, épurée, donne toute la place aux corps et aux regards. Quelques éléments de décor suffisent à créer cet espace clos mais vibrant de vie, où l’on apprend à rêver à nouveau, ensemble, malgré les blessures. On rit, on pleure, on écoute, justement — car ces silences-là sont criants de vérité.

Seul petit bémol : on aimerait parfois que certaines failles de personnages soient encore plus creusées, pour leur donner davantage de chair et d’épaisseur. Mais cette retenue fait aussi partie de la pudeur du spectacle, qui préfère suggérer plutôt que surligner.

Écoutez leur silence est un spectacle qui ne laisse pas indemne, parce qu’il parle de nous tous, de nos cicatrices plus ou moins visibles, et de notre besoin universel d’être entendu, reconnu, aimé. Un texte nécessaire, porté par une comédienne-auteure généreuse et sincère, à découvrir absolument.